Qu'ont en commun la tradition chrétienne, la bataille de Malpaquet sous Louis XIV et les prévisions météorologiques ? Ces thèmes sont un terreau fertile à la création d'expressions autour de Pâques. Le Figaro vous propose un décryptage de quelques locutions pascales aux origines croustillantes.
Pâques est la période privilégiée des Français pour consommer des œufs en chocolat. Mais ce moment particulier dans l'année est également un prétexte à la formation de divers proverbes et dictons chargés du folklore, des traditions et de l'histoire française.
Le terme en lui-même trouve ses racines dans la tradition judéo-chrétienne. Du latin Pascha, «la Pâque juive ; l'agneau pascal que les Juifs mangeaient pour célébrer la Pâque», il est issu de l'hébreu biblique pesah «Pâque, agneau pascal», lui-même dérivé du verbe pasah, «passer devant, épargner». Nul doute que ces expressions n'ont pas été épargnées par l'humour de leur rédacteur.
● À Pâques ou à la Trinité
Le proverbe est issu selon Les 1001 expressions préférées des Français de Georges Planelles de la célèbre chanson «Malbrough s'en va-t-en guerre», écrite par des Français lors de la bataille de Malpaquet sous Louis XIV. Malbrough désigne le duc de Marlborough ou Lord Churchill, ancêtre du bien connu Sir Winston Churchill. Il est dit dans la chanson:
«Malbrough s'en va-t-en guerre
[…]
Il reviendra-z-à Pâques,
Ou à la Trinité.
[…]
La Trinité se passe,
Malbrough n'en revient pas.»
De la même manière que Malbrough ne pointa pas le bout de son nez, l'expression née de la chanson signifie revenir un jour peut-être, ou jamais. Sur la même thématique de la temporalité, on trouve également le dicton «Long comme d'ici à Pâques», moins hermétique dans sa compréhension.
● Noël au balcon, Pâques au tison
Il s'agit d'un des dictons météorologiques les plus connus et usités en France. L'adage signifie que si le temps est doux lors des fêtes de Noël, le week-end pascal sera quant à lui plus frais. Mais cette association se vérifie-t-elle toujours? En effet les prévisions météorologiques sur un temps long sont bien souvent dépourvues de fondement scientifique.
René Chaboud, ingénieur météo et voix météo de Radio France pendant les années 1980 et 1990 dresse dans son livre La météo - question de temps une conclusion sans appel. Il y classe toutes les configurations de temps, à Noël jusqu'à Pâques de la ville de Lyon, sur une période de quatre-vingt-dix ans. Tous les cas de figure y sont observés. Ainsi ce dicton relèverait davantage de croyances populaires. Il serait aussi vrai que son cousin «Noël grelottant, Pâques éclatant».
● Se faire poissonnier la veille de Pâques
Selon la tradition chrétienne, les quarante jours de la période de carême précédant Pâques sont marqués par le jeûne, en rappel de celui du Christ de la même durée. Cette privation s'applique aux viandes grasses et fait donc la part belle à la consommation de poisson, moins riche.
Qui voudrait se lancer dans l'idée saugrenue de l'ouverture d'une poissonnerie la veille de Pâques se risquerait donc à de maigres profits, les pénitents faisant à nouveau de la viande leur met de prédilection. Cette métaphore attestée dès la fin du XVIIe siècle signifie donc faire les choses à contretemps ou se lancer dans une affaire alors qu'il n'y a plus aucun avantage à en tirer.
● Il faut faire carême-prenant avec sa femme, Et Pâques avec son curé
Cette locution cocasse fait également référence à la tradition chrétienne. En son cœur le terme carême-prenant qui désigne, selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) «les trois jours de réjouissance précédant le carême», c'est-à-dire le mercredi des Cendres.
Le Larousse des XIXe et XXe siècles l'explique comme l'injonction à «se réjouir en carnaval et remplir à Pâques ses devoirs religieux». De manière plus générale, cette expression signifie qu'il faut faire chaque chose en son temps et en son lieu, sans s'écarter de la bonne règle».
De quoi pimenter une conversation avec sagesse!
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