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«À la base» : ne faites plus l'erreur !

La locution «à la base» fait florès au quotidien. Mais est-il vraiment correct de l'employer. Le Figaro revient sur le bon usage de cette expression.



C'est un «basique» de notre conversation. Basique, soit dit en passant bien français (Rabelais peut vous le confirmer dans son Cinquième Livre), qui a progressivement basculé sur le bas-côté de la langue française. L'expression «à la base» ne vous a sûrement pas échappé. Tantôt utilisée pour remplacer un «d'abord», tantôt employée pour faire fi de la non moins plus jolie expression «dans un premier temps», la locution «à la base» est partout.

«À la base, je n'étais pas d'accord et puis...», «Nous pourrons à la base commencer par dire que...», «BBG, c'est à la base les initiales de trois amis», écrivait encore le 4 mars dernier La Voix du Nord. Des salles de classes en passant par celles des réunions et autres lieux de discussion, la locution a été adoptée à tous les âges. Souvent à tort. Mais pourquoi? Sur quelle base nous basons-nous pour estimer qu'il y a eu un basculement basal à la base de l'expression?

«À la base», il y avait Maître Gims...

Loin d'avoir toujours été incorrecte, la locution qui veut faire prendre de la hauteur à son locuteur connaît en effet depuis quelque temps un soubassement, une catabase ou plus simplement une descente en enfer. Sans remettre en cause les représentants de la jeune génération, tel le rappeur Maître Gims et sa chanson «À la base» dont le couplet est seriné une dizaine de fois à tort, force est de constater que la locution s'est dévoyée dans le jargon populaire pour prendre une acception qui ne lui était pas première. Expliquons-nous.

Emprunté au latin basis, lui-même transcrit du grec basis «action de marcher» et par métonymie «ce sur quoi on marche», le mot base a d'abord désigné «une partie inférieure» au XIIIe siècle, puis les «principes fondamentaux d'un système abstrait» en géométrie et en chimie, avant de désigner par synecdoque, au XXe siècle: «tous les membres d'un groupe social (le plus souvent un parti ou un syndicat) qui n'exercent pas de responsabilités particulières dans ce groupe», indique le CNRTL. Mais il n'a jamais remplacé les termes: «d'abord», «dans un premier temps» ou «au commencement», choses que le langage populaire a pourtant conférées à la locution «à la base».

Et «à l'origine», du travail
Si le Petit Robert fait mention de l'expression sans préciser qu'il peut s'agir d'un abus de langage, l'Académie nous rappelle dans son excellente rubrique Dire / Ne pas dire, qu'il n'en existe qu'un seul bon usage. «À la base» signifie «à l'origine», conformément au sens du nom Base, qui désigne ce sur quoi repose une chose ou ce qui sert de point de départ. Elle s'emploie dans des phrases comme «À la base de toute réussite, il y a beaucoup de travail.»

Ainsi donc, l'expression «à la base» née du mot base et lui-même issu du verbe «baser» (prendre quelque chose pour base, pour principe fondamental, faire reposer sur) n'est pas plus incorrecte que celle qu«nous posait question dans notre précédente chronique». Attention néanmoins à ne pas trop se reposer dessus... au risque de briser les premières bases de son argumentation...


 
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