S’émanciper sans pour autant s’exiler loin, découvrir un pays d’Europe mal connu, améliorer son anglais sans passer par de coûteuses études aux Etats-Unis, côtoyer des étudiants de multiples pays et vivre une expérience du type « auberge espagnole », construire un réseau qui servira plus tard pour un job… Il existe mille et une raisons de partir étudier en Europe. Chaque étudiant a sa propre combinaison. Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Europe n’est pas, de loin, un choix de second ordre.
Quentin Chatard, 22 ans, « s’éclate » à Göteborg, en Suède. En deuxième année à l’Idrac Business School, une école de commerce tournée vers l’international, il effectue un stage de six mois chez Volvo. S’il a choisi cette destination, c’est d’abord pour son CV : « J’ai emprunté pour financer mes études et j’en attends une rentabilité. Ce stage va me permettre de perfectionner mon anglais et de me faire un réseau. En plus de découvrir une autre culture de travail et une autre mentalité. »
Un appétit de découverte
Quentin calcule chaque étape de son parcours pour mettre toutes les chances de son côté et décrocher, à sa sortie de l’école, un CDI. « Aujourd’hui, pour entrer sur le marché du travail, on demande de l’expérience, explique-t-il, et, comme on est cinquante pour un poste, il faut se démarquer. » En plus de l’anglais et de l’espagnol qu’il a amélioré en travaillant deux mois au Mexique, il bûche le suédois – « ça peut faire la différence ». Partir en Suède est donc, pour lui, une décision mûrement réfléchie. Il avait « une piste » aux Etats-Unis. Mais il préfère la garder éventuellement pour sa dernière année d’études.
Alexandre Thomas, 24 ans, est en cinquième année à l’Ecole nationale supérieure en systèmes avancés et réseaux, qui fait partie de l’Institut national polytechnique de Grenoble. Il a passé le premier semestre à l’université de sciences et technologies de Cracovie, en Pologne. Puis il a enchaîné avec un stage à la banque HSBC à Londres. Parti par le programme européen Erasmus, il a vécu, à Cracovie, en colocation avec d’autres étudiants étrangers. Parce qu’il a suivi les cours en anglais à la fac, il n’a pas été simple pour lui de rencontrer des Polonais, alors que, comme beaucoup, il était parti avec un appétit de découverte. « Heureusement mon colocataire avait un parrain polonais [un tuteur dans le programme Erasmus] très ouvert. Grâce à lui, j’ai pu découvrir une culture très différente de la nôtre. »
« Aujourd’hui, comme on est cinquante pour un poste, il faut se démarquer »
Quentin Chatard
étudiant à l’Idrac, stagiaire en Suède
Alexandre pointe le risque, dans ces séjours, de perdre son temps au niveau des études. Il s’était renseigné avant de partir : « J’avais vu qu’il y avait des cours qui complétaient ceux dispensés dans mon école. Celui que j’ai suivi sur les mathématiques financières m’a même aidé à trouver mon stage chez HSBC. » Les pays lointains, ce sera pour plus tard, une fois diplômé. « J’irais bien un an ou deux en Asie en VIE [volontariat international en entreprise] », dit-il. Comme lui, beaucoup se voient ainsi débuter à l’étranger, en quête d’aventure et surtout jugeant le marché de l’emploi bouché en France.
Nouer des contacts
En troisième année à l’Idrac, Ophélie Merlin, 21 ans, est entre deux séjours. En 2015, elle a passé un semestre dans une université de Shanghaï, partenaire de son école. A la rentrée, elle partira étudier un an à l’université de Dublin : « Pour l’anglais d’abord, mais aussi pour mon développement personnel et pour la ville cosmopolite qui va me permettre de rencontrer des tas de gens différents. » Elle espère s’intégrer – « à Shanghaï, nous étions beaucoup entre nous » – et, pourquoi pas, nouer des contacts qui lui serviront plus tard.
Geoffrey Renimel, 26 ans, a séjourné un an en Erasmus en République tchèque durant sa troisième année de langues étrangères appliquées à l’université de Bretagne-Sud, à Lorient. « Au départ, je voulais aller en Espagne, mais ça n’était pas possible aux dates où je partais. Mon université m’a alors proposé Ceske Budejovice, une ville tchèque de taille moyenne, très étudiante, et j’ai accepté », explique-t-il. Pour ses études, il avoue que cela a été d’un intérêt modéré. Les cours de langues étaient trop faciles. Au second semestre, il s’est inscrit à de plus difficiles, ainsi qu’à des cours hors de sa spécialité mais dispensés en anglais ou en espagnol – sur l’économie, le commerce, la littérature américaine au XIXe siècle… Le grand intérêt, Geoffrey le voit dans la maturité et l’autonomie qu’il a acquises. « Ce séjour a marqué une coupure avec ma famille, confie-t-il. J’ai aussi dû gérer mon propre budget, car je vivais avec ma bourse d’environ 300 euros par mois. Surtout, j’ai appris à m’adapter à des personnes de toutes les cultures. Nous n’étions pas plus d’une trentaine d’étudiants étrangers mais venus de partout – Turcs, Russes, Macédoniens, Finlandais, etc. »
Depuis, Geoffrey Renimel a fait de la route. Après son master, il est parti un an en Nouvelle-Zélande, où il a enchaîné les petits boulots. Puis il a voyagé en Indonésie, au Vietnam et à Singapour. Pour lui comme pour beaucoup, l’Europe aura été une rampe de lancement.
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