Pour l'académicien, qui vient de lui consacrer une biographie, le fabuliste du XVIIe siècle aurait sans doute pris un malin plaisir à brocarder l'entourage du nouveau président de la République.
Dans un récent essai, l'académicien Erik Orsenna revisite l'œuvre de Jean de La Fontaine. Ses fables se révèlent d'une étonnante actualité. Le pouvoir est immuable et par bien des aspects, la cour du Roi-Soleil, telle qu'elle est croquée par le moraliste, s'apparente à nos mœurs politiques. Entretien.
"Nous avons tous, en France, été baptisés en Jean de La Fontaine et fait notre première communion intellectuelle dans ses 'Fables'", écrivez-vous. Jean de La Fontaine nous parle de l'homme, mais parle-t-il aussi de politique ?
Dans ses fables, La Fontaine dit ce qu'il pense de la vie et, en effet, il parle de politique. Les animaux sont ses couvertures, ses alliés, ses miroirs. Tout comme Stendhal disait du roman que c'est "un miroir qu'on promène le long d'un chemin", lui promène ses animaux. J'en ai compté une soixantaine dans ses fables, qu'il utilise comme autant de miroirs et qui parlent à sa place. Les fables lui permettent d'échapper à la censure dans un monde tellement tenu. Pour Louis XIV, les artistes sont des ouvriers à son service. Il fait de la propagande. Alors que pour Nicolas Fouquet, le surintendant des finances, auprès de qui La Fontaine a passé plusieurs années, les artistes sont des amis, comme pour les Médicis.
Commentaires
Enregistrer un commentaire