Fête de la musique : 30 ans et pas une seule ride
La musique est en fête en ce 21 juin. Créée en 1982 par Jack Lang, alors ministre de la Culture, la Fête de la musique célèbre cette année son trentième anniversaire. Elle s’est imposée au fil des ans comme un rendez-vous incontournable. On estime ainsi que plus de 180 000 concerts sont organisés en France. Elle est même devenue une fête internationale, présente dans plus de 120 pays sur les cinq continents. Cette année, c’est la musique pop qui est à l’honneur.
« C’est génial de participer à la Fête de la musique ! » Clément est cuisinier à Paris. Avec son groupe La Huelga (la grève, en espagnol), c’est la troisième année consécutive qu’il participe à la Fête de la musique. Un rendez-vous qu’il ne raterait sous aucun prétexte, même par mauvais temps. « C’est super motivant de jouer devant le public. Le contact avec les gens est beaucoup mieux que dans les salles de concert. On est plus proche d’eux. Et même si on essaie de roder notre numéro le mieux possible, c’est bien plus spontané », s’enthousiasme-t-il.
Comme lui, ils sont près de cinq millions de musiciens amateurs à faire vibrer les rues de France tous les 21 juin. Plus que les chiffres, c’est la longévité de l’événement qui impressionne. Car cela fait maintenant trente ans qu’existe la Fête de la musique. L’idée vient de Maurice Fleuret. En octobre 1981, lorsqu’il est nommé directeur de la musique et de la danse au ministère de la Culture, alors dirigé par Jack Lang, Maurice Fleuret affirme sa volonté d’être le directeur de toutes les musiques, de l’accordéon à l’industrie du disque. Quelques mois plus tard, il découvre dans une étude que cinq millions de Français, dont un jeune sur deux, jouent d’un instrument de musique. La France est un gigantesque vivier d’artistes inexploité.
« Faites de la musique »
Pour Maurice Fleuret, la musique doit s’évader de l'atmosphère feutrée des salles de conservatoire et gagner la rue. Elle doit se démocratiser. Les concerts ne doivent plus être seulement organisés pour les gens, mais par les gens. « Il faut montrer que la France est musicienne avant d’être mélomane », insiste-t-il. « Nous voulions jouer sur le double sens ' fête ' et ' faites ' de la musique », précise Jack Lang, interrogé par le journal gratuit Métro.
Il faut choisir une date. Ce sera le 21 juin. Le jour est symbolique. C’est celui du solstice d’été. La nuit du 21 juin est traditionnellement une nuit de fête, un héritage des fêtes de la Saint-Jean. En 1976 déjà, le musicien américain Joel Cohen avait proposé à la radio France Musique pour laquelle il travaillait des « Saturnales de la musique », pour marquer chaque solstice, les 21 décembre et 21 juin.
La Fête de la musique est lancée en trois semaines. Chacun est invité à y participer « de sa fenêtre, du pas de sa porte, dans la rue, ou dans les endroits traditionnellement réservés aux manifestations musicales : places, kiosques, églises, parcs, jardins… » Pour cette première édition, une demi-heure seulement est réservée aux concerts professionnels. Les musiciens amateurs ont eux la nuit entière.
Afin que tout le monde puisse participer, le ministère de la Culture va même jusqu’à diffuser des modes d’emploi pour fabriquer ses propres instruments, à base d’entonnoir ou de tuyaux d’arrosage.
L’événement est un succès dont les accords résonnent jusque dans les pays voisins. « Le lendemain de la première Fête de la musique, j’ai accompagné [François Mitterrand] en Espagne. Nous avons été reçus par le roi Juan Carlos, qui nous a parlé de cet événement qui venait juste de naître. Comme quoi la Fête avait déjà franchi les frontières », raconte encore Jack Lang. Depuis, la fièvre musicale a gagné plus de 120 pays et 340 villes. Pékin est la dernière en date.
L’événement est un succès dont les accords résonnent jusque dans les pays voisins. « Le lendemain de la première Fête de la musique, j’ai accompagné [François Mitterrand] en Espagne. Nous avons été reçus par le roi Juan Carlos, qui nous a parlé de cet événement qui venait juste de naître. Comme quoi la Fête avait déjà franchi les frontières », raconte encore Jack Lang. Depuis, la fièvre musicale a gagné plus de 120 pays et 340 villes. Pékin est la dernière en date.
La généralisation des groupes professionnels
Trente ans après sa création, la Fête de la musique n’a rien perdu de son esprit originel, assure Jack Lang. « On n’est pas seulement là pour écouter de la musique mais pour faire partager sa propre expérience, sa propre sensibilité musicale », confirme l’actuelle ministre de la Culture Aurélie Filippetti dans les colonnes de Métro. L’événement demeure une fête populaire, célébrée dans le moindre petit village français, et dont les groupes amateurs continuent d’être les principaux acteurs. Mais dans les grandes villes, les scènes professionnelles se généralisent. A Paris, Barbara Carlotti et le groupe nantais Pony Pony Run Run sont ainsi les invités de cette 31e édition, consacrée à la musique pop.
Et si la Fête de la musique est toujours censée laisser place à la spontanéité, les bons emplacements sont rares et il faut parfois les réserver plusieurs mois à l’avance. Pour être certains de jouer dans le quartier huppé de Saint-Germain-des-Prés, Clément et ses copains de La Huelga ont dû faire une demande il y a six mois à la mairie. Tout est prêt. La réussite de la fête ne dépend plus maintenant que de la météo.
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