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Des étudiants français en Corée du Nord

Quand des étudiants français s’aventurent en Corée du Nord


Chaque année, quelques poignées d’étudiants français continuent d’aller étudier en Corée du Nord, la dictature la plus fermée au monde.
Lundi 19 juin, Otto Warmbier, un étudiant américain de 22 ans, est mort chez lui, à Cincinnati, après avoir passé dix-sept mois dans les geôles nord-coréennes, dont une partie dans le coma, pour le vol d’une affiche de propagande. Pourtant, quelques poignées d’étudiants français continuent d’aller étudier en Corée du Nord, la dictature la plus fermée au monde. Dans l’Hexagone, depuis 2015, une dizaine d’étudiants se préparent chaque année à rejoindre les bancs de l’université Kim Il-sung, la plus prestigieuse du pays, pour un ou deux mois. Tous y travaillent la langue coréenne, entre trois et cinq heures par jour, et sont surveillés en permanence par un «dongmu», un «camarade» étudiant nord-coréen.
C’est Patrick Maurus, ancien professeur de coréen à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), qui organise ces séjours. Il est d’ailleurs le seul à avoir noué des relations académiques entre la France et le régime de Pyongyang. «En 2013, j’ai réussi à établir au sein de l’Inalco le premier échange entre professeurs français et nord-coréens», explique-t-il. Un an plus tard, en 2014, deux premiers enseignants nord-coréens débarquaient à Paris. Charif Alami-Chawfi, chef de cabinet à l’Inalco, précise à ce sujet que «le développement d’expertise sur tous les pays du monde, y compris sur ceux qui ne répondent pas aux critères de liberté démocratique qui sont les nôtres, relève des missions de notre établissement».

En 2015, une première «promotion»

En 2015, cette fois dans une démarche personnelle et non plus affiliée à l’Inalco, Patrick Maurus, qui est allé à Pyongyang pour la première fois dans les années 1970, envoie sa première «promotion» de douze étudiants français à Pyongyang. À l’issue de leur parcours nord-coréen, ces jeunes n’obtiennent aucune équivalence française, mais un certificat de l’université Kim Il-sung. 80 % de ces jeunes étudient le coréen à l’Inalco, mais l’établissement se désolidarise de cet échange universitaire: «Compte tenu des tensions actuelles, nous n’encourageons pas nos étudiants à se rendre en Corée du Nord», précise encore Charif Alami-Chawfi.
«Les conditions diplomatiques ne sont pas réunies pour accueillir des étudiants ici», martèle Jean-François Fitou, l’un des deux représentants français à Pyongyang. Dans un pays qui n’a officiellement aucune relation diplomatique avec la France, le bureau français de coopération où il travaille fait office d’«ambassade officieuse» pour la douzaine de Français résidant dans le pays.

L’expérience peut tourner au cauchemar

Sécurité, ambiance… Qu’ont pensé les étudiants des promotions précédentes de leur séjour? Pour Louis de Gouyon Matignon, 25 ans, qui s’était fait connaître en 2012 comme défenseur du peuple tzigane en France, l’expérience a tourné au cauchemar. Dans un état mental «proche de la dépression» après quasiment deux mois dans un hôtel glacial qu’il n’était pas autorisé à quitter, il a été «rapatrié d’urgence en France» en avril.
« J’ai pu prendre le bus ou aller manger une glace tout seul. Le plus important, c’est de parler la langue. »Bryan Sauvadet, en master 2d’art bouddhique coréen et vietnamien.
Bryan Sauvadet, qui finit son master 2 d’art bouddhique coréen et vietnamien et commence une thèse, ne partage pas cet avis. En 2015, il est parti avec la première «promotion Maurus» et a passé quarante jours en Corée du Nord: «Il faut avoir une démarche de chercheur: les premiers jours, observer et respecter, puis commencer à parler et à explorer.» Rapidement, il développe de bonnes relations avec son «dongmu» et la ville s’ouvre, un peu: «J’ai pu prendre le bus ou aller manger une glace tout seul».«Le plus important, c’est de parler la langue, précise-t-il. Les portes s’ouvrent naturellement quand le respect est mutuel.»
Patrick Maurus dispense une petite formation à sa dizaine d’élèves, avant leur départ: «On ne parle pas des Kim, on ne critique rien ni personne, on respecte les règles.» Pour la promotion qui s’envolera à la fin de l’été 2017, il ajoutera «une consigne sur le vol d’objets iconographiques». Même si, il le reconnaît lui-même, il ne pensait pas avoir à prodiguer de tels conseils un jour: «Ça me paraissait tellement naturel.»
http://etudiant.lefigaro.fr/article/quand-des-etudiants-francais-s-aventurent-en-coree-du-nord_4139f452-5a87-11e7-9bb8-f4ad8e4a4fd1/

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