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Le secret du Cri de Munch peut-être dévoilé par... des météorologistes

Des chercheurs, spécialisés dans le climat, ont émis une nouvelle hypothèse sur la célébrissime toile. Selon eux, de rares nuages stratosphériques auraient inspiré le peintre norvégien et conféré à l'œuvre son arrière-plan si mystérieux et emblématique.




C'est l'une des œuvres les plus célèbres du XXe siècle, reconnue comme une représentation quasi universelle de l'angoisse, et pour l'intrigant ciel enflammé de son arrière-plan. Mais le secret du Cri, réalisé en cinq versions par Edvard Munch à partir de 1892, pourrait enfin avoir été mis à jour par des chercheurs.
Selon trois météorologistes, l'apparition de «nuages nacrés» - soit de rares formations stratosphériques typiques des hautes latitudes - pourrait bien avoir inspiré le peintre norvégien et son fameux ciel traversé de tourbillons de couleurs. Les chercheurs, dont les travaux ont été présentés lundi à Vienne lors d'une conférence scientifique, rejettent ainsi une hypothèse précédente selon laquelle le ciel en feu vu et peint par Munch aurait été provoqué par les cendres du volcan indonésien Krakatoa en 1883.
Pour ces chercheurs, l'hypothèse du volcan, émise en 2004 par des astronomes américains, ne tient pas: un tel spectacle aurait dû se reproduire régulièrement depuis cette gigantesque éruption de 1883. Or pour Munch, qui publiera une première version du Cri en 1892, cette vision est restée «une expérience unique», arguent-ils. En outre, les particules du Krakatoa auraient produit un brouillard diffus plutôt que les ondulations du ciel peint par Munch, ajoutent-ils dans leur article, publié dans la revue Weather.
Tourment intérieur ou vision sacrée?
«Il est fort probable que derrière l'expérience vécue par Munch et derrière son célèbre Cri, il y avait des “nuages nacrés”», estiment-ils. Ces nuages, qui se forment l'hiver dans la troposphère, à 20-30 km de la surface terrestre, apparaissent rarement. «Des conditions inhabituelles sont nécessaires à leur formation», a expliqué Helene Muri, de l'université d'Oslo, à la Conférence de l'Union européenne des géosciences. «Il doit faire très froid, environ -80 à -85°, alors que la stratosphère est en moyenne à -60. Il faut une certaine humidité. Se forment alors de très petits cristaux de glace, réfléchissant la lumière du soleil couchant», a-t-elle expliqué.
Les couleurs intenses forment des vagues, visibles un certain temps après le crépuscule - les nuages de la troposphère, plus bas, étant eux visibles avant le crépuscule. «C'est une nouvelle hypothèse», souligne Mme Muri. «Il y en a d'autres. Des psychologues ont suggéré que c'est un tourment intérieur qui a poussé Munch à peindre le Cri. Mais nous sommes des chercheurs en sciences naturelles, et nous cherchons plutôt des réponses dans la nature».
Selon la «version officielle», Munch parle bien d'une vision. Météorologique ou intérieure? Le peintre (1863-1944) a raconté qu'il se promenait quand soudain, après le coucher du soleil, le ciel était devenu «rouge sang». Il a évoqué «des nuages flamboyants et des langues de feu», «un cri infini qui se passait à travers l'univers et qui déchirait la nature», et était resté devant ce spectacle «tremblant de peur». L'hypothèse de l'expression d'un sentiment intérieur traduit par la nature, pour un artiste affilié au courant expressionniste, reste la plus probable. Jusqu'à preuve (scientifique) du contraire...

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