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Ne dites plus jamais... !

Quand faut-il écrire «aller à» plutôt que «aller en» et éviter les locutions «en termes de» ou «des fois» ? La rédaction du Figaro a répertorié pour ce quatrième épisode sur les fautes de français, les erreurs qui vous ont agacé ces derniers mois. Florilège.

Nul ne peut prétendre écrire un français parfait. Pas même nos grands écrivains. Ces derniers n'échappent pas à la règle. Ou plutôt aux règles de l'orthographe. Maupassant dans Un Réveillon, Balzac dans Un début dans la vie, Camus dans La Peste... tous ont commis des fautes. De quoi déculpabiliser...
Toutefois, si les erreurs d'orthographe peuvent parfois être minorées au vu des subtilités, parfois perfides, de la langue française, ces dernières n'en demeurent pas moins désagréables à l'oral, voire impardonnables à l'écrit. Le Figaro vous propose à ce sujet quelques solutions pour améliorer votre français et effacer une fois pour toutes les scories du quotidien.
● Continuer à ou continuer de?
Qui ne s'est jamais interrogé sur les prépositions à employer derrière le verbe «continuer»? Faut-il plutôt écrire «à» ou «de»? Y a-t-il vraiment une différence? Oui-da! Si l'erreur est aussi subtile c'est parce qu'elle est devenue commune à l'oral. Voici deux moyens mnémotechniques pour ne plus la faire.
Aidez-vous tout d'abord du contexte. Si Pierre vient d'allumer une cigarette et qu'il a l'intention de la faire durer, vous direz: «Pierre continue à fumer». En revanche si Pierre est un habitué de la cigarette, vous écrirez: «Pierre continue de fumer». 
Conclusion: «continuer à» s'emploie pour commenter une action qui débute (comme la lettre «a») et se poursuit tandis que «continuer de» s'utilise pour faire référence à une habitude, à quelque chose qu'on ne «cesse pas de faire».
Deuxième solution: la prononciation. Dès lors qu'il y a deux voyelles qui se touchent, il faut privilégier la préposition «de». On ne dira pas ainsi «il a continué à amener les enfants» mais «il a continué d'emmener les enfants à l'école». Une subtile façon de parfaire votre français à l'oral et rendre plus fluide vos phrases.
● Aller à vélo ou en vélo?
L'erreur est banale et pourtant bien évitable. Souvenons-nous que la préposition «en» peut être une autre manière de dire «dans» ou «en dedans». Accolée à un moyen de transport, cette dernière fait donc référence à un véhicule et par extension au contenu dans lequel monte son voyageur. 
Pour être correct, il faut donc écrire «aller en voiture», mais «à vélo». La préposition «à» renvoie ici à l'idée de «monter sur quelque chose». On dit de la même façon «aller à cheval», «à pied», «à moto» mais «en train», «en métro»...
Remarque : La préposition «en» issue du latin «dans» peut également signifier «sur» et alors être correcte dans certaines formules, telles: «être en route», «être en selle»... 
● En termes de ou dans le vocabulaire de?
À première vue, la locution semble correcte. Le «s» à terme y est. Il n'y a pas de «h» qui pourrait injustement nous faire penser aux bains publics. Alors? «En termes de» s'emploie partout. Pour parler de tout. Tendez plutôt l'oreille. «Aujourd'hui en termes de météo, c'est pas terrible», «Je ne sais pas si en termes de budget ça va le faire», «Vraiment, en termes d'amis on fait mieux!»...
L'expression aussi banale que courante est malgré les apparences bien incorrecte. L'Académie française nous explique pourquoi dans sa rubrique Dire/ Ne pas dire. En réalité, «en termes de» signifie, non pas comme on le pense, «pour ce qui est», «quant à»... mais «dans le vocabulaire de». 
Aussi ne faut-il pas dire «en termes de confort» mais bien «en matière de confort» ou «quant au confort». En revanche, l'expression sera la bienvenue lorsqu'on dira par exemple: «en termes de droit».
● Des homonymes qui font tache ou tâche?
Dans la catégorie «homonymes pernicieux», ils se retrouvent haut-la-main en haut du podium. Le manque de concentration, la fatigue nous font parfois oublier leur sens originel. Voici quelques solutions pour ne plus commettre l'impair.
Imaginez la scène. Vous êtes attablé, mangeant une délicieuse tarte quand soudain patatras! Un filet d'huile s'échappe de votre assiette pour aller se répandre sur votre chemisier. La tache est immédiate... et déjà bien suffisante pour ruiner votre journée. Alors n'en ajoutons pas! Et ne complétons surtout pas cette maladresse par une subtilité de la langue française. Le mot «tache» pour désigner une «marque salissante» sera donc net et propre: sans accent. À l'inverse, le travail qui demande une attention soutenue et notre regard circonspect exigera une certaine complexité et donc un accent circonflexe sur le mot «tâche».
Qu'en est-il des homonymes «détoner» et «détonner»? Dites-vous, lorsque vous employez le verbe «détonner», qui signifie «ne pas être en harmonie avec» que ce dernier va forcément vous étonner. Il s'écrira par conséquent avec deux «n». En revanche, vous ne mettrez qu'une seule fois la consonne au verbe «détoner» lorsque vous parlerez d'une chose qui se produit brusquement (une fois) ou d'un bruit plus ou moins violent qui rappelle celui du... tonnerre (malgré ces deux «n»). L'art de la contradiction à la française!
● Je «cours» dans une «cour» sur un «court»
Essayons de faire «court»... ou «cours», c'est selon. Afin de différencier une fois pour toutes les trois termes, il est nécessaire de remonter à leur étymologie. Le terme «court» de l'anglais court, lui-même emprunté à l'ancien français cort, désigne un «terrain rectangulaire en terre battue». Comme le tennis, sport auquel on joue en ce lieu précis, le court prend donc un «t». Concernant son autre sens, à savoir celui de «petit», rappelez-vous toujours que l'adjectif «court», pour prendre la marque du féminin, doit prendre un «e» et ainsi s'écrire «courte». 
Même procédé pour le mot «cour», du bas latin curtis «cour de ferme», aujourd'hui «espace entouré de murs». Essayez de le mettre au féminin. Vous écrirez «courette» et non «courtette» ou «coursette». Le substantif ne possède donc aucune terminaison spécifique. Il en va de même pour ses autres significations «lieu ou réside un souverain», «hommage respectueux», «lieu où la justice est rendue», indique de le CNRTL.
Qu'en est-il du terme «cours»? Deux moyens mnémotechniques peuvent nous tenir lieu de cours. Du latin cursus «action de courir, voyage, cours d'un fleuve», le «cours» est un «écoulement d'eau», un «événement qui dure» et donc quelque chose qui est toujours en mouvement. Pour traduire orthographiquement cette notion de fluctuation, on se souviendra que le mot suit une course contre le temps et que le son de la lettre «s» confère en lui-même l'idée d'un objet qui s'écoule sans cesse.
Enfin, également issu de l'ancien catalan cors «conférence», on se rappellera que le mot «cours» prend un «s» lorsqu'il signifie «enseignement». Sa terminaison se retrouvant par exemple dans les termes «discursif», «cursus» ou «concours».
● Bonus: parfois ou des fois?
Elle s'emploie tous les jours, partout, pour tout. Tantôt pour signifier «quelquefois» tantôt pour dire «au cas où». La locution adverbiale «des fois» se répand dans nos conversations comme la grippe en hiver. Heureusement pour nous il existe un vaccin, nommé l'Académie française. 
Dans leur rubrique, les sages nous précisent que «des fois» est incorrect et ne peut nullement se substituer aux adverbes de temps comme les locutions conjonctives. Pour être exact, il faut ainsi écrire «Parfois, il lui arrive de rêver» au lieu de «Des fois, il lui arrive de rêver».
Voici donc un quatrième volet des erreurs de langage à éviter au quotidien. N'hésitez pas à nous faire parvenir les coquilles qui vous hérisseraient le poil... Le Figaro vous concoctera un test afin de mesurer l'étendue de vos connaissances. À vos crayons!

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