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C‘est pour le moins une histoire incroyable qu'a vécue Pascal Mallet. Lorsque ce petit-fils de Poilu a décidé de retourner sur les traces de son aïeul porté disparu à la frontière franco-belge en 1914, il était loin d'imaginer le retrouver grâce à une lettre... ou plutôt une absence de lettre.


Une seule lettre manque et tout est dépeuplé. C'est bien connu, lorsqu'un petit bout de mot vient à disparaître, c'est tout notre monde qui est renversé. Quand Pascal Mallet, petit-fils de Poilu est parti à la recherche de son grand-père disparu en 1914, relate France Bleu, il était loin de se douter qu'une syllabe tronquée bouleverserait sa vie et aurait raison d'un mystère vieux de cent ans...
Nous sommes en 1914. L'Europe est à feu et à sang. La Première Guerre mondiale fait ses premières victimes. Les soldats tombent les uns après les autres sur le champ de bataille. Certains sont rapatriés, d'autres moins chanceux sont enterrés sur place, à la va vite, avec pour seule trace de leur passage une croix de bois. Nombre d'entre eux, resteront inconnus au bataillon. C'est le cas du grand-père de Pascal Mallet, un Poilu creusois disparu au front à l'aube du conflit militaire, qui laisse derrière lui son épouse et sa fille d'un mois.

Une lutte contre le temps et l'histoire

L'histoire aurait pu en rester là, comme des milliers d'autres, mais c'était sans compter sur l'obstination de son petit-fils. Parvenu à l'âge de la retraite, Pascal Mallet a décidé d'engager une lutte contre le temps et l'histoire afin d'honorer la mémoire de son grand-père et mettre la lumière sur sa mort.
Pascal Mallet multiplie ses recherches, creuse, fouille... En vain. Le petit-fils est sur le point d'abandonner son enquête infructueuse, quand un jour, ce dernier parvient finalement à mettre la main sur d'importantes indications.
Son voyage livresque et historique l'amène en Belgique, à Ypres, lieu où aurait été enterré son grand-père. Là-bas, le retraité écume les tombes. Encore une fois, en vain. Retour à la case départ... ou presque! En rentrant en France, Pascal Mallet n'a toujours pas baissé les bras. Loin de là. Il décide de se rendre à Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras. Une ville bien stratégique puisque c'est là, le 11 novembre 2014, que le président de la République François Hollande a inauguré «l'anneau de la mémoire», un immense monument sur lequel ont été gravés 600.000 noms de combattants de toutes nationalités.

Une consonance germanique

De la même façon qu'il avait scruté les noms des soldats morts au combat dans ses classeurs et sur les tombes en Belgique, Pascal Mallet analyse alors le mémorial. Quand un nom attire enfin son attention, celui de Ernst Chaumény. Il ne manque qu'une seule lettre au prénom du soldat pour correspondre avec celui de son grand-père: Ernest Chaumény. La coïncidence est trop grande. Le retraité décide de centrer ses recherches sur l'homme... avec succès.
Fort de documents à l'appui, le retraité apprendra ainsi que le Poilu, blessé sur le champ de bataille, avait été fait prisonnier en 1914 par les Allemands, puis à sa mort, enterré à Comines, à la frontière franco-belge sous un nom germanisé. Le corps de son grand-père a par la suite, des années plus tard, été transporté dans un autre cimetière comme celui de milliers d'autres soldats. D'où sa place au mémorial de Notre-Dame-de-Lorette et la faute d'orthographe qui l'a suivi durant un siècle. Voilà donc le fin mot du mystère!
Le Figaro, Alice Develey

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