Pourquoi appelle-t-on un chat un chat ?
« Poser un lapin », « Donner sa langue au chat »... La langue française regorge de ces expressions populaires qui emploient des noms d'animaux. Mais connaissez-vous leur origine ?
Le Figaro vous propose de revenir sur cinq de ces locutions. La Fontaine en son temps l'avait bien compris. «Je me sers d'animaux pour instruire les hommes» écrivait-il à Louis de Bourbon, fils de Louis XIV. Tantôt le corbeau, le renard, l'aigle, la cigogne ou la tortue, le comportement des bêtes était pour lui le reflet de celui des humains. Il n'est pas étonnant qu'ils aient aussi inspiré nombre de ces locutions anthropomorphiques. Leur utilisation est si courante que les noms d'animaux passent inaperçu. En un petit bestiaire, la rédaction du Figaro passe en revue pour vous, quelques-unes de ces expressions.
● «Avoir une faim de loup» 12h30 au boulot, mon ventre gargouille, j'ai déjà une «faim de loup». Mais d'où vient l'expression? Omniprésent dans l'imaginaire collectif, le loup l'est aussi dans les adages populaires. Le «grand méchant» loup incarne la cruauté et la voracité dans les contes et légendes. Sous sa forme actuelle, la locution s'est répandue dès le XIXe siècle. Bonus : À noter que la faim est aussi associée dans les langues étrangères à des prédateurs. Ainsi, si Bulgares, Serbes et Italiens parlent aussi d'une «faim de loup», les Anglais utiliseront le faucon, les Brésiliens le lion, et l'ours pour les Allemands.
● «Donner sa langue au chat» Le chat emporte très probablement la palme en la matière. On le trouve partout sur les réseaux sociaux sous forme de GIF, émoticônes et autres photographies. Si le félin est pour le moins populaire auprès des internautes, il est aussi très présent dans les tournures idiomatiques de la langue de Molière. À l'origine, «jeter sa langue au chien» (Madame de Sévigné, lettre à sa fille, 3 février 1676), l'expression signifie aujourd'hui «renoncer à trouver la solution d'une énigme, d'une devinette». L'emploi du «chat» et du verbe «donner» est dû au souci d'édulcorer la locution qui s'est répandue dans la seconde moitié du XIXe siècle.
● «Se regarder en chiens de faïence» «Avoir un mal de chien», «C'est une vie de chien», «Être entre chien et loup»... Le chien fait des siennes. Ce fidèle compagnon de l'homme est également très présent dans le paysage linguistique français. La locution date de la fin du XVIIe siècle. Elle provient des chiens en faïence, ces figurines qui ornaient les cheminées ou autres éléments du mobilier domestique, et se faisaient souvent face. «Faïence» est issu de l'italien «Faenza», ville où est née cette sorte de poterie en terre émaillée de bleu et blanc, faite d'argile et d'étain. Deux personnes se «regardent en chien de faïence», lorsqu'elles s'observent face à face, de façon agressive, se toisent du regard.
● «Poser un lapin» Ce petit mammifère à longues oreilles, vedette des animaux domestiques, se retrouve lui aussi dans nos idiomes. Si l'on remonte au XIXe siècle, l'expression était employée lorsqu'un homme ne rétribuait pas les faveurs d'une prostituée. Il lui «posait un lapin». Toujours liée à l'idée d'attente qui n'est pas comblée, elle s'utilise à présent au sens de ne pas venir à rendez-vous. Ça alors, c'est vache!
● «Revenons à nos moutons!» Avec sa toison laineuse, il fournit la matière souple et chaude de nos chandails. Du gaulois «multo» qui signifie «mâle castré», le mouton se retrouve à de multiples reprises dans la littérature française, chez La Fontaine, Saint-Exupéry notamment. La bête est souvent symbole de conformité. Rappelons, dans cette veine, la célèbre histoire du mouton de Panurge, que l'on doit à Rabelais. Panurge voulant se venger d'un berger acheta le meneur de son troupeau. Il jeta alors la bête à l'eau et tous les autres suivirent. Mais, revenons à nos moutons! Cette expression est datée du XVe siècle. On la trouve pour la première fois, dans une comédie intitulée La Farce de Maître Pathelin la locution sous la forme suivante: «La cour de telle baveries? / Sus, revenons à ces moutons! / Qu'en fut-il?». L'auteur de la pièce de théâtre est anonyme, mais son expression est restée dans le parler courant.
Par Chloé Cosson
Publié le 19/01/2017 à 06:00
http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/01/19/37003-20170119ARTFIG00006-pourquoi-appelle-t-on-un-chat-un-chat.php
« Poser un lapin », « Donner sa langue au chat »... La langue française regorge de ces expressions populaires qui emploient des noms d'animaux. Mais connaissez-vous leur origine ?
Le Figaro vous propose de revenir sur cinq de ces locutions. La Fontaine en son temps l'avait bien compris. «Je me sers d'animaux pour instruire les hommes» écrivait-il à Louis de Bourbon, fils de Louis XIV. Tantôt le corbeau, le renard, l'aigle, la cigogne ou la tortue, le comportement des bêtes était pour lui le reflet de celui des humains. Il n'est pas étonnant qu'ils aient aussi inspiré nombre de ces locutions anthropomorphiques. Leur utilisation est si courante que les noms d'animaux passent inaperçu. En un petit bestiaire, la rédaction du Figaro passe en revue pour vous, quelques-unes de ces expressions.
● «Avoir une faim de loup» 12h30 au boulot, mon ventre gargouille, j'ai déjà une «faim de loup». Mais d'où vient l'expression? Omniprésent dans l'imaginaire collectif, le loup l'est aussi dans les adages populaires. Le «grand méchant» loup incarne la cruauté et la voracité dans les contes et légendes. Sous sa forme actuelle, la locution s'est répandue dès le XIXe siècle. Bonus : À noter que la faim est aussi associée dans les langues étrangères à des prédateurs. Ainsi, si Bulgares, Serbes et Italiens parlent aussi d'une «faim de loup», les Anglais utiliseront le faucon, les Brésiliens le lion, et l'ours pour les Allemands.
● «Donner sa langue au chat» Le chat emporte très probablement la palme en la matière. On le trouve partout sur les réseaux sociaux sous forme de GIF, émoticônes et autres photographies. Si le félin est pour le moins populaire auprès des internautes, il est aussi très présent dans les tournures idiomatiques de la langue de Molière. À l'origine, «jeter sa langue au chien» (Madame de Sévigné, lettre à sa fille, 3 février 1676), l'expression signifie aujourd'hui «renoncer à trouver la solution d'une énigme, d'une devinette». L'emploi du «chat» et du verbe «donner» est dû au souci d'édulcorer la locution qui s'est répandue dans la seconde moitié du XIXe siècle.
● «Se regarder en chiens de faïence» «Avoir un mal de chien», «C'est une vie de chien», «Être entre chien et loup»... Le chien fait des siennes. Ce fidèle compagnon de l'homme est également très présent dans le paysage linguistique français. La locution date de la fin du XVIIe siècle. Elle provient des chiens en faïence, ces figurines qui ornaient les cheminées ou autres éléments du mobilier domestique, et se faisaient souvent face. «Faïence» est issu de l'italien «Faenza», ville où est née cette sorte de poterie en terre émaillée de bleu et blanc, faite d'argile et d'étain. Deux personnes se «regardent en chien de faïence», lorsqu'elles s'observent face à face, de façon agressive, se toisent du regard.
● «Poser un lapin» Ce petit mammifère à longues oreilles, vedette des animaux domestiques, se retrouve lui aussi dans nos idiomes. Si l'on remonte au XIXe siècle, l'expression était employée lorsqu'un homme ne rétribuait pas les faveurs d'une prostituée. Il lui «posait un lapin». Toujours liée à l'idée d'attente qui n'est pas comblée, elle s'utilise à présent au sens de ne pas venir à rendez-vous. Ça alors, c'est vache!
● «Revenons à nos moutons!» Avec sa toison laineuse, il fournit la matière souple et chaude de nos chandails. Du gaulois «multo» qui signifie «mâle castré», le mouton se retrouve à de multiples reprises dans la littérature française, chez La Fontaine, Saint-Exupéry notamment. La bête est souvent symbole de conformité. Rappelons, dans cette veine, la célèbre histoire du mouton de Panurge, que l'on doit à Rabelais. Panurge voulant se venger d'un berger acheta le meneur de son troupeau. Il jeta alors la bête à l'eau et tous les autres suivirent. Mais, revenons à nos moutons! Cette expression est datée du XVe siècle. On la trouve pour la première fois, dans une comédie intitulée La Farce de Maître Pathelin la locution sous la forme suivante: «La cour de telle baveries? / Sus, revenons à ces moutons! / Qu'en fut-il?». L'auteur de la pièce de théâtre est anonyme, mais son expression est restée dans le parler courant.
Par Chloé Cosson
Publié le 19/01/2017 à 06:00
http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/01/19/37003-20170119ARTFIG00006-pourquoi-appelle-t-on-un-chat-un-chat.php
Commentaires
Enregistrer un commentaire