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Le "Mansplaining" expliqué par l'écrivaine américaine Rebecca Solnit


Pourquoi tant d’hommes se sentent-ils tenus d’expliquer à des femmes des choses qu’elles connaissent mieux qu’eux ? Entretien avec l’Américaine Rebecca Solnit, auteure d’un livre sur le sujet.




Le nouveau livre de l’écrivaine américaine Rebecca Solnit vient d’être traduit en français sous le titre Ces hommes qui m’expliquent la vie (L’Olivier, 176 pages, 16 euros).

Dans votre livre, « Ces hommes qui m’expliquent la vie », vous racontez une scène de « mansplaining » qui vous avait frappée – au point que beaucoup vous attribuent la maternité de ce néologisme. Comment résumeriez-vous cette attitude masculine dont vous avez été victime ?

Le « mansplaining » consiste, pour un homme, à expliquer quelque chose à une femme en supposant d’emblée qu’il est le détenteur du savoir et qu’elle est ignorante, alors que le contraire est vrai. Beaucoup d’avocates, de docteures, d’astrophysiciennes, de musiciennes, d’historiennes ou d’autres femmes m’ont raconté avoir entendu des hommes leur expliquer doctement leur travail d’expert alors qu’ils n’y connaissaient rien.

Ces moments ne sont pas forcément traumatisants, mais ils mettent en scène des hommes postulant qu’ils comptent et pas elles, qu’ils doivent remplir l’espace de la conversation et pas elles, que la connaissance est, d’une certaine manière, inhérente au genre masculin comme l’ignorance est inhérente au genre féminin.

Ces situations sont souvent liées à un manque d’écoute. S’ils avaient fait ce premier pas, ils auraient découvert, par exemple, que cette femme croisée dans un magasin de musique n’est pas une néophyte qui s’achète sa première guitare, mais la guitariste d’un groupe célèbre.

Vous estimez qu’il y a une continuité entre le « man­splaining » et des crimes comme le viol. Pourquoi ?

Le « mansplaining » fait partie d’un système qui consiste à dévaluer la parole et la personne des femmes.

Ainsi, les juges hommes de la Cour suprême des Etats-Unis interrompent les trois juges femmes trois fois plus qu’ils ne s’interrompent entre eux. C’est agaçant, bien sûr, mais surtout, cela complique la tâche de ces magistrates...

http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/30/le-mansplaining-explique-par-rebecca-solnit_5278573_3232.html


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