Au-delĂ de la rĂ©ussite aux concours, quelles compĂ©tences et qualitĂ©s dĂ©veloppent les Ă©tudiants lors de leurs annĂ©es en classe prĂ©paratoire aux grandes Ă©coles ? Tour d’horizon.
ProblĂ©matisation et capacitĂ© d’adaptation
Et pourtant, sur le moment, en prĂ©pa, « on se demande parfois pourquoi on apprend telle ou telle chose. Tout est tellement abstrait. Ce n’est qu’après, avec le recul, qu’on s’aperçoit qu’on nous a appris… Ă apprendre, donc Ă nous adapter », tĂ©moigne Tom Defossez, 23 ans, ancien Ă©lève de maths sup et maths spĂ© Ă Caen. Aujourd’hui ingĂ©nieur, il utilise tous les jours, dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, la mĂ©thodologie de rĂ©solution des problèmes acquise en prĂ©pa : « Qu’est ce que je veux obtenir ? Qu’est ce que j’ai pour y arriver ? Comment je m’y prends ? ». La CPGE lui a aussi appris Ă « repousser ses limites intellectuelles » : « pour moi, la prĂ©pa, c’est une sorte de “life-hack”. Quand on l’a faite, tout le reste semble beaucoup plus facile », conclut-il.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/01/30/qu-apprend-on-vraiment-en-classe-prepa_5249140_4401467.html
La valeur des classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles (CPGE) se mesure-t-elle seulement Ă l’aune de la rĂ©ussite de leurs Ă©tudiants aux concours des Ă©coles d’ingĂ©nieurs et de commerce, d’Ă©tudes vĂ©tĂ©rinaires ou militaires, Ă Normale Sup ou Ă l’Ecole des chartes ? La question est tranchĂ©e nĂ©gativement depuis longtemps, au regard de beaux parcours d’Ă©lèves qui intègrent finalement d’autres formations (universitĂ©s, instituts de sciences politiques, etc.). Loin de l’image d’une formation pluricentenaire immuable oĂą l’excellence disciplinaire se suffirait Ă elle-mĂŞme, « taupins », « khâgneux« et autres « Ă©piciers » y acquièrent des qualitĂ©s ou compĂ©tences plus larges, Ă mĂŞme de leur servir dans la suite de leur parcours d’Ă©tudes, dans une grande Ă©cole ou ailleurs.
Une dimension primordiale selon Martine Breyton, proviseure du lycĂ©e parisien Henri-IV, dans la mesure oĂą, si la rĂ©ussite aux concours reste l’objectif principal des CPGE, « les Ă©lèves que nous accueillons en première annĂ©e ont des projets d’orientation un peu moins marquĂ©s que par le passĂ© ». Pour ces Ă©lèves, l’orientation dans une prĂ©pa est aussi, parfois, une manière de repousser l’heure du choix, « il faut donc leur donner les qualitĂ©s transversales pour pouvoir ĂŞtre Ă l’aise partout », rappelle-t-elle.
CompĂ©tences comportementales et esprit d’Ă©quipe
Et les Ă©tudiants en sont plutĂ´t statisfaits. Une rĂ©cente enquĂŞte de l’Edhec NewGenTalent Centre, qui se dĂ©finit comme un « centre d’expertise sur les nouvelles gĂ©nĂ©rations », va en tout cas dans ce sens : « Les milliers d’Ă©lèves de prĂ©pa que nous avons interrogĂ©s placent le “sens du collectif” parmi les dix principales qualitĂ©s qu’ils estiment avoir acquises en CPGE. Bien loin de l’image d’individualisme qu’on pouvait avoir il y a vingt ans », note Manuelle Malot, la directrice du centre. Les autres qualitĂ©s les plus citĂ©es sont la capacitĂ© de travail, la persĂ©vĂ©rance, l’adaptabilitĂ©, l’organisation, le goĂ»t du challenge, la crĂ©ativitĂ© et la patience.
Et les Ă©tudiants en sont plutĂ´t statisfaits. Une rĂ©cente enquĂŞte de l’Edhec NewGenTalent Centre, qui se dĂ©finit comme un « centre d’expertise sur les nouvelles gĂ©nĂ©rations », va en tout cas dans ce sens : « Les milliers d’Ă©lèves de prĂ©pa que nous avons interrogĂ©s placent le “sens du collectif” parmi les dix principales qualitĂ©s qu’ils estiment avoir acquises en CPGE. Bien loin de l’image d’individualisme qu’on pouvait avoir il y a vingt ans », note Manuelle Malot, la directrice du centre. Les autres qualitĂ©s les plus citĂ©es sont la capacitĂ© de travail, la persĂ©vĂ©rance, l’adaptabilitĂ©, l’organisation, le goĂ»t du challenge, la crĂ©ativitĂ© et la patience.
ProblĂ©matisation et capacitĂ© d’adaptation
Et pourtant, sur le moment, en prĂ©pa, « on se demande parfois pourquoi on apprend telle ou telle chose. Tout est tellement abstrait. Ce n’est qu’après, avec le recul, qu’on s’aperçoit qu’on nous a appris… Ă apprendre, donc Ă nous adapter », tĂ©moigne Tom Defossez, 23 ans, ancien Ă©lève de maths sup et maths spĂ© Ă Caen. Aujourd’hui ingĂ©nieur, il utilise tous les jours, dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, la mĂ©thodologie de rĂ©solution des problèmes acquise en prĂ©pa : « Qu’est ce que je veux obtenir ? Qu’est ce que j’ai pour y arriver ? Comment je m’y prends ? ». La CPGE lui a aussi appris Ă « repousser ses limites intellectuelles » : « pour moi, la prĂ©pa, c’est une sorte de “life-hack”. Quand on l’a faite, tout le reste semble beaucoup plus facile », conclut-il.
Aisance orale
« C’est extrĂŞmement stressant : on doit ĂŞtre efficace, rigoureux, trouver un raisonnement très vite et l’expliquer, sans ĂŞtre approximatif. »
« C’est extrĂŞmement stressant : on doit ĂŞtre efficace, rigoureux, trouver un raisonnement très vite et l’expliquer, sans ĂŞtre approximatif. »
Simplicité et humilité
Avec la hausse rĂ©gulière du nombre d’Ă©lèves inscrits en CPGE (plus de 86 000 Ă la rentrĂ©e 2017, contre 78 000 dix ans plus tĂ´t) et la diversification de leur profil, mais aussi face Ă la demande croissante des Ă©coles en soft skills, ces compĂ©tences comportementales qu’apprĂ©cient les entreprises, la mission des prĂ©pas est dĂ©sormais aussi d’aider les Ă©lèves Ă dĂ©velopper leur personnalitĂ©, leur esprit du collectif.
« Les Ă©lèves passĂ©s par une prĂ©pa avant d’arriver chez nous sont en gĂ©nĂ©ral assez bons et structurĂ©s, notamment sur leur capacitĂ© Ă rĂ©diger et Ă lire vite, Ă synthĂ©tiser et Ă apprĂ©hender des problèmes complexes », affirme Dominique Royoux, vice-prĂ©sident Ă l’insertion et Ă l’orientation de l’universitĂ© de Poitiers. Ici, comme dans bien d’autres universitĂ©s, une convention a Ă©tĂ© signĂ©e pour organiser les passerelles entre CPGE et universitĂ©s. Environ 50 % des Ă©tudiants de prĂ©pa littĂ©raire intègrent en effet l’universitĂ© après deux annĂ©es de CPGE, selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2013, contre 13 % d’Ă©lèves de la filière Ă©conomique, et 7 % de la filière scientifique. Ces Ă©tudiants, l’universitĂ© les accueille les bras grands ouverts parce qu’« ils savent s’adapter, Ă©laborer des questionnements nouveaux et apprendre », explique le professeur de gĂ©ographie.
Parmi les autres compĂ©tences qu’on acquiert en classe prĂ©paratoire, la capacitĂ© Ă parler devant un auditoire. Les fameuses « khĂ´lles », qui permettent de s’exercer aux oraux des concours, sont aussi formatrices qu’anxiogènes pour les Ă©lèves. « Chaque semaine, on a deux heures oĂą l’on est deux ou trois face Ă un prof », commente Elodie, 19 ans, Ă©lève en seconde annĂ©e de prĂ©pa PTSI (physique, technologie et sciences de l’ingĂ©nieur) en Haute-Savoie :
Cet apprentissage d’une aisance Ă l’oral « et de la gestion de leur stress fait clairement la diffĂ©rence ensuite entre un Ă©lève passĂ© par une CPGE et un autre », confirme Guy Soudjian, le proviseur du lycĂ©e Descartes de Tours oĂą, au total, « 14 000 heures par an » sont spĂ©cifiquement dotĂ©es par l’Etat pour les interrogations orales des 800 Ă©lèves de prĂ©pas. De nombreuses CPGE organisent en plus des ateliers de renforcement Ă l’oral, des entretiens formalisĂ©s avec d’anciens Ă©lèves ou des chefs d’entreprise, voire des ateliers « théâtre » permettant d’approfondir cette compĂ©tence-lĂ .
Selon Elodie, l’Ă©tudiante de prĂ©pa PTSI en Haute-Savoie, les journĂ©es Ă rallonge et l’intensitĂ© de l’effort Ă fournir « apprennent aussi Ă avoir une hygiène de vie impeccable (sommeil, nourriture, etc.), Ă connaĂ®tre ses limites physiques ». Mais aussi Ă « savourer les choses basiques : une balade dans la nature, un après-midi ensoleillĂ© ou quelques flocons de neige… ». Une qualitĂ© Ă laquelle on ne penserait pas spontanĂ©ment. Tout comme « l’humilitĂ© » qu’Ă©voquent plusieurs anciens de classe prĂ©paratoire. En y entrant, « je suis passĂ© du meilleur de mon lycĂ©e au dernier de ma classe, commente ainsi Olivier, 25 ans, aujourd’hui ingĂ©nieur Ă Toulouse. J’ai appris qu’il y aurait toujours peut-ĂŞtre quelqu’un de plus douĂ© que moi dans la pièce, aussi brillant que je puisse ĂŞtre ». La prĂ©pa serait aussi incubateur de personnalitĂ©, en somme.
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