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Avoir des jumeaux, l'angoisse suprême des parents 🤱🏻



Une échographie qui révèle deux embryons est synonyme de sueurs froides pour beaucoup de futurs parents. D'où vient une telle peur d'hériter de la poussette double ? Éléments de réponses.


L'Ă©ventualitĂ© d'avoir des jumeaux effraie mĂŞme le prince William en personne, dĂ©jĂ  père de deux enfants, au septième mois de grossesse de son Ă©pouse Kate Middleton. «Ma santĂ© mentale serait mise Ă  rude Ă©preuve avec des jumeaux», ironisait-il le 9 fĂ©vrier au magazine Hello. Une crainte justifiĂ©e puisqu'avoir deux enfants pour le prix d'un est souvent loin d'ĂŞtre le premier scĂ©nario envisagĂ© quand on souhaite crĂ©er ou agrandir une famille. Doutes sur la gestion de deux nouveau-nĂ©s Ă  la fois, rĂ©cits alarmants de parents de jumeaux... La grossesse gĂ©mellaire est une grande inconnue, qui fascine et effraie Ă  la fois.

Le poids des croyances populaires

La crainte est loin d'ĂŞtre nouvelle. «Avant la technologie de l'imagerie, on se demandait toujours si une grossesse gĂ©mellaire venait d'une intervention divine ou malĂ©fique. Et tout ce qui est hors norme fait peur», explique Emmanuelle Berthiaud, historienne et spĂ©cialiste de l'histoire de la naissance. En Afrique par exemple, selon les ethnies, une naissance de jumeaux est considĂ©rĂ©e comme une bĂ©nĂ©diction ou comme une malĂ©diction.

Avant «l'imagerie mĂ©dicale de qualitĂ©, mĂŞme les mĂ©decins n'Ă©taient pas bien formĂ©s Ă  cette Ă©ventualitĂ©. Et au sein de l'entourage proche la parole Ă©tait craintive. Il y a toujours une histoire familiale sordide concernant un accouchement de jumeaux», ajoute le pĂ©diatre et fondateur du site PĂ©diatre Online, Arnault Pfersdorff. Certainescroyances populaires peuvent encore faire loi aujourd'hui au sein des cabinets mĂ©dicaux : «Parfois, des futurs parents de jumeaux sont inquiets quant Ă  l'Ă©ventualitĂ© d'un accouchement prĂ©maturĂ©, mais n'osent pas poser de questions, de peur que cela leur porte malheur», reconnaĂ®t le pĂ©diatre.
La fascination pour les poussettes doubles rĂ©siste Ă©galement au temps. «Il y a une vraie curiositĂ© pour ces visages qui ont cette ressemblance parfaite que l'on ne sait pas vraiment expliquer. La magie de la gĂ©nĂ©tique fait effet en quelque sorte. Porter deux enfants peut aussi s’apparenter Ă  une hyperfertilitĂ© dans l'inconscient collectif. Le regard portĂ© oscille entre fascination et valorisation», observe l'historienne Emmanuelle Berthiaud. «Il y a un cĂ´tĂ© "Wonder Woman" Ă  avoir mis au monde deux enfants en mĂŞme temps. Un respect naturel s'impose face Ă  ces femmes», ajoute le spĂ©cialiste du diagnostic prĂ©natal, Christophe Vayssière.

Une médicalisation importante

La mĂ©dicalisation qui entoure une grossesse gĂ©mellaire peut aussi alimenter les craintes des futurs parents. Sans compter les grossesses multiples, mais c'est un sujet plus rare, et encore moins envisagĂ© par les futurs parents. Cet aspect n'est pas toujours bien vĂ©cu par certaines mères, qui se sentent dĂ©possĂ©dĂ©es du moment. «Cette mĂ©dicalisation ne laisse pas beaucoup de place au rĂŞve. Plus on avance dans la grossesse, plus la rĂ©alitĂ© post-natale s'installe», prĂ©cise Nathalie Lancelin-Huin, psychologue spĂ©cialisĂ©e en pĂ©rinatalitĂ©. Une rĂ©alitĂ© qui balaie l'idĂ©e d'avoir une grossesse «simple». «Il ne faut pas non plus sous-estimer l'Ă©nergie que demande une grossesse gĂ©mellaire. Deux bĂ©bĂ©s, c'est deux fois plus de vie dans le ventre. Cela peut faire peur Ă  certaines mères ou ĂŞtre simplement "trop" Ă  vivre. On observe surtout cela chez les femmes ayant un caractère rĂ©servĂ© ou modĂ©rĂ©», ajoute la professionnelle.
Des angoisses peuvent aussi naĂ®tre quant Ă  la mise au monde des bĂ©bĂ©s. «"Vais-je accoucher prĂ©maturĂ©ment ?", est une question qui revient très souvent. Beaucoup de grossesses de ce type n'arrivent pas Ă  leur terme, mais les Ă©quipements et la formation très pointus des mĂ©decins ont de quoi rassurer», affirme Christophe Vayssière. De mĂŞme que «la cĂ©sarienne n'est pas systĂ©matique, mais reste une option plus envisagĂ©e qu'en cas de grossesse simple. En tant que pĂ©diatres, nous sommes dĂ©sormais obligĂ©s d'ĂŞtre prĂ©sents en salle d'accouchement, c'est assez rassurant pour les parents», renseigne le Dr Arnault Pfersdorff.

Des jumeaux en osmose

Le cinĂ©ma, la littĂ©rature ou les sĂ©ries vĂ©hiculent Ă©galement une certaine image des parents de jumeaux, le plus souvent dĂ©passĂ©s par les Ă©vĂ©nements. Rappelons-nous du personnage de Lynette Scavo, dans la sĂ©rie Desperate Housewives, qui peine Ă  sortir la tĂŞte de l'eau Ă  la naissance de ses deux garçons. Dans la rĂ©alitĂ©, le danger est que le rythme des nouveau-nĂ©s prenne le pas sur celui des parents. «Oui, avoir des jumeaux est plus fatigant. Mais ce ne sont pas eux qui sont Ă©puisants, c'est la mauvaise organisation qui règne souvent dans les foyers. Les jeunes parents veulent ĂŞtre partout, alors que l'on se fiche d'une vaisselle qui n'est pas faite», commente le Dr Pfersdorff. Selon ce dernier, il est d'ailleurs primordial que le père soit très prĂ©sent et prenne un congĂ© paternitĂ©. «ĂŠtre parents de jumeaux est un travail d'Ă©quipe», soutient le pĂ©diatre.

Dans certains cas, l'extrĂŞme complicitĂ© des deux enfants peut faire peur. «Le mythe des jumeaux en osmose et connectĂ©s peut ĂŞtre rĂ©el. Après la naissance, ils recrĂ©ent une bulle comme celle dans le ventre de la mère, et un sentiment d'exclusion peut faire souffrir les parents - surtout la mère - car ils n'en font pas toujours partie», souligne la psychologue spĂ©cialisĂ©e en pĂ©rinatalitĂ© Nathalie Lancelin.
Si certains craignent de ne pas faire partie de cette Ă©quipe si particulière, d'autres peuvent aussi redouter de ne pas aimer leurs deux enfants de la mĂŞme façon. Très rapidement, l'apparition d'un caractère dominant et d'un autre plus «dominĂ©» rythme les relations entre les deux frères ou sĹ“urs. «Il y en aura toujours un qui pleurera moins ou qui mangera mieux par exemple. Naturellement et insidieusement, la famille va avoir plus de tendresse pour l'un que pour l'autre. C'est assez humain», informe Christophe Vayssière.
Pour conclure, les professionnels ont un conseil qu'ils clament unanimement : «Quand on est parent de jumeaux, il ne faut pas hĂ©siter Ă  se faire aider, sinon on va sombrer. Il existe diffĂ©rentes associations qui donnent de prĂ©cieux conseils. Saisir la moindre main tendue de la mère, la belle-mère, les amis... Il faut dire oui et il n'y a pas de honte Ă  le faire.» On parle bien du cercle proche et personnel.

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