Accéder au contenu principal

Mendiant, millefeuille, financier... Découvrez leur histoire secrète

Millefeuille, mendiant... Ces mets sucrés font notre régal depuis des siècles. Mais savons-nous vraiment d'où viennent ces pâtisseries et autres douceurs ? Le Figaro vous propose de redécouvrir leurs savoureuses histoires.




Les mendiants, palmiers et autres pâtisseries régalent nos papilles depuis des siècles et même des millénaires! Mais savons-nous vraiment d'où proviennent ces petites douceurs et pourquoi on les appelle ainsi?
Le financier a-t-il vraiment un rapport au monde de la finance? Qu'en est-il du speculoos, le gâteau roi de nos cafés? La rédaction vous propose de redécouvrir l'histoire secrète qui entoure ces friandises.
● Financier
Comme le laisse entendre son nom, le financier n'est pas sans faire écho avec le monde de la finance. Selon la légende, les petites douceurs devraient en effet leur existence à un certain Lasne, pâtissier installé près de la Bourse à la fin du XIXe siècle, qui décida de remettre au goût du jour une ancienne recette de biscuit nommée «la visitandine». Un petit gâteau aux amandes à l'origine préparé par l'ordre du même nom en Lorraine au XVIe siècle.
Afin d'imposer sa patte dans celle aux amandes et de plaire à sa clientèle, le pâtissier eut pour idée de modifier la forme ovale du gâteau et de lui donner une forme rectangulaire, celle d'un lingot d'or. Depuis la recette est inchangée et demeure toujours bien payante!
Notons pour l'anecdote que le financier ne désigna pas toujours un gâteau ou un homme gravitant dans la sphère économique, mais indique le CNRTL au XVIIIe siècle une «espèce de grosse entrée, aux quenelles et champignons».
● Spéculos
Du belge spéculos ou spéculoos en flamand et emprunté au néerlandais «speculaas», le biscuit et a fortiori son origine, demeurent bien mystérieux. Non seulement les linguistes se disputent encore à l'heure actuelle sur l'onomastique du gâteau - qui dériverait selon certains du terme species «les épices» et pour d'autres du mot speculator «évêque» - mais nulle origine exacte n'a jamais été faite de la fameuse douceur à la cannelle.
Selon toute vraisemblance, le biscuit serait néanmoins né comme bon nombre de ses confrères sucrés, de traditions et rites païens. Pour enrayer la diffusion du paganisme sur le territoire et diffuser le christianisme, la coutume voulut qu'on offrit, non plus des petits gâteaux à l'effigie de dieux autres que celui avec un grand «D», mais des spéculoos à l'occasion de la Saint Nicolas en Belgique. Des biscuits qui trouveraient alors bien leur fondement dans le mot «speculator» puisque Saint Nicolas ou Nicolas de Myre était évêque...
Quoi qu'il en soit, le biscuit dégusté à l'occasion de la fête de saint Nicolas le 6 décembre en Belgique s'est progressivement exporté à travers les siècles en Europe, pour être finalement consommé à n'importe quel moment de la journée. Et de préférence au café!
● Palmier
La pâtisserie rejoint la très longue liste des petites douceurs orphelines. Si le palmier est connu sur tous les continents ( en Allemagne et aux États-Unis, on parle d' «oreilles de cochon»), son origine n'en demeure pas moins inconnue. Le Petit Robert et le CNRTL notent seulement sa naissance en 1938 sans plus être exhaustif. Qu'en est-il du nom de son inventeur, du motif de sa création? Mystère...
Pour l'heure, tâchons de nous contenter de l'origine de son nom. Selon toute vraisemblance, le palmier devrait son appellation à sa ressemblance avec une feuille de palmier et à sa composition. La pâtisserie, constituée par une tranche de pâte feuilletée en forme de palme, s'effeuillerait en effet comme on le ferait avec une feuille d'un palmier...
L'image végétale se retrouve également chez le «mille-feuille» ou «millefeuille» selon l'Académie française. En effet, le gâteau crémeux doit son nom à la superposition de ses couches de pâtes feuilletées. Une appellation donnée depuis le début du XIXe siècle.
● Mendiant
À l'origine, le gâteau se dégustait parmi douze autres desserts à la période de Noël en Provence. La tradition, vraisemblablement née à l'aube du XVIIe siècle, voulait que, pour honorer la mémoire du Christ et ses douze apôtres, ses croyants terminent leur réveillon en mangeant treize petits gâteaux. Chaque biscuit représentant un symbole.
Le mendiant et les fruits qui le composent seraient la représentation de la couleur des robes des quatre ordres de mendiants de l'Église, instituts qui faisaient profession de ne vivre que d'aumônes. Les raisins secs incarnaient ainsi les dominicains, les amandes les carmélites, les figues sèches les franciscains, les noix et noisettes les augustins, enfin, le nougat noir et blanc pouvaient représenter les pénitents tandis que les pâtes de fruits symbolisaient les Rois mages.
Pour l'anecdote: les jésuites et la religieuse doivent tous deux leur nom à leur forme et leurs couleurs qui rappelaient respectivement celles du chapeau à bords relevés des membres de la compagnie de Jésus et la robe noire et blanche des sœurs.
●Bonus:
À la fois symboles du disque solaire et de l'arrivée du printemps, les crêpes (de l'ancien français crespe «frisé») étaient originellement la métaphore et la promesse de la prospérité. Parce qu'elles ne pouvaient être confectionnées qu'à partir de farine excédentaire, les crêpes étaient le gage de futurs mois opulents. 

Publié http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/03/28/37003-20170328ARTFIG00007-mendiant-millefeuille-financier-decouvrez-leur-histoire-secrete.php
  • Commentaires

    Posts les plus consultés de ce blog

    " C'est moi qui est ": ne faites plus la faute !

    «C'est moi qui est» : ne faites plus la faute ! Par   Alice Develey     Publié  le 12/09/2017 à 06:00 18  commentaires  Partager sur Facebook (nouvelle fenêtre) Partager sur Twitter (nouvelle fenêtre) Partager sur Google + (nouvelle fenêtre) Partager sur Linkedin (nouvelle fenêtre) Partager sur Viadeo (nouvelle fenêtre) Envoyer par mail Imprimer cet article (ouvre la fenêtre d'impression) ORTHOGRAPHE - « C'est moi qui est » ou « c'est moi qui suis » ? Les locutions font florès dans nos phrases au quotidien. L'une des deux est pourtant incorrecte. Laquelle ?  Le Figaro  revient sur leur bon usage. «C'est moi qui fait la vaisselle aujourd'hui» ou «c'est moi qui fais la vaisselle aujourd'hui»? L'erreur est subtile à l'écrit et bien fâcheuse à l'oral. Écoutez plutôt: «c'est moi qui a raison», «c'est moi qui ai raison». Si les deux phrases s'emploient couramment, l'une des deux demeure pourtant fauss...

    «C'est de cela dont il s'agit» : ne faites plus la faute !

    ORTHOGRAPHE  - « C'est de cela dont il s'agit » ou « C'est de cela qu'il s'agit » ? Le pronom relatif fait florès au quotidien. Mais est-il vraiment toujours correct de l'employer ?  Le Figaro  revient sur son bon usage. Voilà un «don» dont on pourrait bien se passer. «C'est de ça dont il est question», «C'est une problématique dont il ne faut sous-estimer son importance», «Car c'est bien de cela dont parle» écrivait encore le 29 mars dernier  Mediapart . Le pronom relatif est partout. À l'oral comme à l'écrit, ce dont provoque pourtant nombre d'erreurs. Que faire pour les éviter? Souvenons-nous tout d'abord de son étymologie. Du latin populaire  unde  «d'où», le terme «dont» est né à la fin du IXe siècle et sous-entendait dès sa création l'existence de la préposition «de». En réalité nous précisent le Petit Robert et le  CNRTL , «dont» est l'équivalent de «de qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles». T...

    LA CONSTITUTION FRANCAISE DU 4 OCTOBRE 1958

    La Constitution française du 4 octobre 1958 est l'actuelle  constitution  de la  France  et régit ainsi la  V e République française . Norme juridique suprême du pays, c'est l'une des plus stables qu'il ait connue. En pleine  guerre d'Algérie , elle a été rédigée dans l'objectif affiché de mettre un terme à l'instabilité gouvernementale et au risque de coup d'État militaire ; elle est marquée par le retour d'un  exécutif  fort. Deux hommes y ont notamment imprimé leurs idées :  Michel Debré , inspiré du  modèle britannique  et de son  Premier ministre  fort, et le  Général de Gaulle , entendant ériger le  président de la République  en garant des institutions conformément aux principes énoncés dans ses  discours de Bayeux , le 16 juin 1946, et  d'Épinal , le 29 septembre 1946. Elle instaure un système politique à géométrie variable selon que l'on soit en période de concorda...