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«L'avenir de la langue française est dans le continent africain»

INTERVIEW - Au lendemain de la Semaine de la francophonie, Imma Tor, conseillère langue française et diversité linguistique à l'OIF, nous explique pourquoi le français est bien une langue d'avenir.




Avec 274 millions de francophones dans le monde, le français fait figure de mastodonte dans le paysage linguistique mondial. Les dernières festivités mettant à l'honneur la langue témoigne de cette aura sur les cinq continents. Notamment le territoire africain.
Selon Imma Tor, conseillère langue française et diversité linguistique au cabinet de Madame Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie, «le cœur» de la langue de Molière battra dans quelques années en Afrique. Elle revient pour Le Figaro sur les raisons de son attractivité.
LE FIGARO - Quel bilan tirez-vous des festivités de la Semaine de la francophonie qui ont émaillé les états membres de l'OIF en mars dernier?
Imma Tor - Le bilan est positif. La fête de la langue française a donné lieu cette année à plus de mille événements - festivals, concours, rencontres, débats - dans quelque cent pays. Toutes ces manifestations montrent à quel point la langue française suscite énormément d'intérêt. Y compris chez les jeunes. De plus, elles reflètent le dynamisme et la capacité d'innovation et de création de la langue française, qui est notre trait d'union à tous.
Pourquoi est-elle si intéressante pour les jeunes francophones?
La langue française suscite l'intérêt des jeunes parce qu'elle est en constante évolution. Non seulement elle est tout à fait apte à dire les réalités du monde moderne, mais c'est une langue extrêmement utile dans les milieux professionnels car elle est vue comme une valeur ajoutée.
Selon les conjectures, la langue de Molière, portée par l'espace francophone en Afrique, devrait devenir à l'horizon 2050 la première langue du monde. Pensez-vous comme nos confrères du Matin d'Algérie, que le XXIe siècle sera français et africain?
Oui, le rapport de la langue française dans le monde, dont la dernière édition date de 2014, montre, chiffres à l'appui, que l'avenir du français est dans le continent africain. Plus de la moitié de ses «locuteurs quotidien» vivent aujourd'hui en Afrique. En outre, comme les progrès de l'éducation en français sont considérables depuis de nombreuses années, on peut estimer que dans quelque temps, le véritable cœur de la francophonie battra en Afrique.
Quel est alors le principal défi à relever pour espérer voir se réaliser cette conjecture?
L'éducation. Il faut que tous nos partenaires investissent dans la qualité de l'éducation en Afrique, en langue française, et dans les langues nationales. À l'Organisation internationale de la francophonie, nous avons un programme qui s'appelle École et langue nationale. Celui-ci nous permet à la fois de dispenser les premiers apprentissages dans les langues nationales mais aussi ceux en langue française. Toutes les évaluations montrent que les élèves sont beaucoup plus «performants» en langue française lorsqu'ils se sont bien établis dans leur langue. Notre défi, c'est de confirmer cette idée selon laquelle le français est une grande langue internationale et qu'elle constitue une valeur ajoutée.
Malgré les discours déclinistes, le français est donc bien loin d'avoir perdu son aura...
La langue française est en pleine expansion, non seulement en tant que langue d'enseignement mais aussi en tant que langue enseignée. C'est la deuxième langue la plus apprise dans le monde. On observe un véritable engouement. Une ferveur d'ailleurs croissante dans certains pays comme les États-Unis. À New York, il y a de plus en plus d'écoles qui offrent le français comme langue étrangère.
On constate également cet engouement en Asie. Je pense notamment à la Chine, pays dans lequel l'enseignement du français a progressé ces dernières années. Les chiffres sont significatifs et ils devraient progresser en 2018. Cette croissance est due en particulier à la conquête des marchés africains. La langue française est vue comme un moyen de faire des affaires avec l'Afrique francophone. On le voit. Il y a bien un avantage à parler français et à promouvoir la langue.

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